Bread and Roses. Plus d’un siècle
nous sépare de l’écriture de ce poème, devenu l’hymne des luttes sociales aux
Etats-Unis et repris avec force dans le cinéma britannique, celui de Ken Loach
ou encore de Matthew Warchus. Ce dernier, dans le film Pride, redonne ses lettres de noblesse au mot solidarité et
démontre que la force d’une lutte réside dans la prise de
conscience d’une souffrance et d’un
intérêt communs. C’est d’ailleurs ainsi que débute l’histoire de Pride : Mike
Jackson, membre actif d’un groupe gay, entend à la télévision Thatcher vilipender
les mineurs et se rend compte que les deux communautés ont en commun le
sentiment d’injustice, la persécution de la police et le mépris de la presse
britannique. Ils ont aussi un ennemi
commun - Margaret Thatcher – et un combat, celui pour leur dignité. Celui
pour le pain et les roses. Alors, pourquoi ne pas le mener ensemble ?
As we come
marching marching in the beauty of the day...
Sitôt
la mélodie de Bread and Roses entonnée,
la méfiance et l’hostilité réciproques semblent enterrées. Les deux communautés
sont liées par une même émotion, qui déborde jusque dans la salle de cinéma et
vient saisir le spectateur à la gorge.
Le
slogan des Wobblies “An injury to one is an injury to all” (une attaque contre un
est une attaque contre tous) prend alors tout son sens. Face au thatchérisme,
qui brise les liens sociaux, glorifie l’effort individuel et l’esprit de
compétition, on veut croire au triomphe de la grande lutte collective contre
les petits intérêts individuels.
Le
progrès social n’est jamais venu d’en haut, rappelait le Guardian lors de la sortie du film, en 2014. Il est le fruit de la
volonté populaire. Il dépend de la motivation de chacun à préserver les droits
de tous. Bien sûr, la défaite des mineurs en 1985 servira d’argument à certain pour
discréditer ce discours. Or, dans son article La tradition britannique
que Thatcher ne parvint jamais à détruire, le journaliste du Guardian, Owen Jones souligne le fait
que cette lutte commune a généré de grandes avancées dans la reconnaissance des
droit de la communauté homosexuelle au Royaume-Uni. Par ailleurs, cette tradition
de la lutte sociale a permis en 2012 la victoire des électriciens contre le
groupe Balfour et Beatty.
Le
film de Matthew Warchus est un puissant écho anglais aux vers d’Aragon :
Votre
Enfer est pourtant le mien
Nous
vivons sous le même règne
Et
lorsque vous saignez, je saigne
Qu’en
ce jour de grève nationale, le sublime crescendo de la chanson Bread and Roses accompagne dans leur
lutte ceux qui savent dépasser les communautarismes et ne se résignent pas.
En ce lendemain du 8 mars…
RépondreSupprimer"As we go marching, marching
We battle too for men
For they are women’s children
And we mother them again
Our lives shall not be sweetened
From birth until life closes"...
Bien vu... Le poème de 1911 était effectivement dédié aux femmes. Il est l'ode de toutes les luttes.
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