mercredi 9 mars 2016

Votre Enfer est pourtant le mien... du pain et des roses !

Bread and Roses. Plus d’un siècle nous sépare de l’écriture de ce poème, devenu l’hymne des luttes sociales aux Etats-Unis et repris avec force dans le cinéma britannique, celui de Ken Loach ou encore de Matthew Warchus. Ce dernier, dans le film Pride, redonne ses lettres de noblesse au mot solidarité et démontre que la force d’une lutte réside dans la prise de conscience  d’une souffrance et d’un intérêt communs. C’est d’ailleurs ainsi que débute l’histoire de Pride : Mike Jackson, membre actif d’un groupe gay, entend à la télévision Thatcher vilipender les mineurs et se rend compte que les deux communautés ont en commun le sentiment d’injustice, la persécution de la police et le mépris de la presse britannique. Ils ont aussi un ennemi commun - Margaret Thatcher – et un combat, celui pour leur dignité. Celui pour le pain et les roses. Alors, pourquoi ne pas le mener ensemble ?

As we come marching marching in the beauty of the day...

Sitôt la mélodie de Bread and Roses entonnée, la méfiance et l’hostilité réciproques semblent enterrées. Les deux communautés sont liées par une même émotion, qui déborde jusque dans la salle de cinéma et vient saisir le spectateur à la gorge.
Le slogan des Wobblies “An injury to one is an injury to all” (une attaque contre un est une attaque contre tous) prend alors tout son sens. Face au thatchérisme, qui brise les liens sociaux, glorifie l’effort individuel et l’esprit de compétition, on veut croire au triomphe de la grande lutte collective contre les petits intérêts individuels.
Le progrès social n’est jamais venu d’en haut, rappelait le Guardian lors de la sortie du film, en 2014. Il est le fruit de la volonté populaire. Il dépend de la motivation de chacun à préserver les droits de tous. Bien sûr, la défaite des mineurs en 1985 servira d’argument à certain pour discréditer ce discours. Or, dans son article La tradition britannique que Thatcher ne parvint jamais à détruire, le journaliste du Guardian, Owen Jones souligne le fait que cette lutte commune a généré de grandes avancées dans la reconnaissance des droit de la communauté homosexuelle au Royaume-Uni. Par ailleurs, cette tradition de la lutte sociale a permis en 2012 la victoire des électriciens contre le groupe Balfour et Beatty.
Le film de Matthew Warchus est un puissant écho anglais aux vers d’Aragon :

Votre Enfer est pourtant le mien
Nous vivons sous le même règne
Et lorsque vous saignez, je saigne


Qu’en ce jour de grève nationale, le sublime crescendo de la chanson Bread and Roses accompagne dans leur lutte ceux qui savent dépasser les communautarismes et ne se résignent pas.


2 commentaires:

  1. En ce lendemain du 8 mars…
    "As we go marching, marching
    We battle too for men
    For they are women’s children
    And we mother them again
    Our lives shall not be sweetened
    From birth until life closes"...

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    1. Bien vu... Le poème de 1911 était effectivement dédié aux femmes. Il est l'ode de toutes les luttes.

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